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Pour mieux comprendre le Flamenco tel que nous le connaissons actuellement, il faut s'intéresser à l'histoire de l'Andalousie.

Les différentes civilisations qui se mêlèrent aux Ibères (peuple ancien de l'Espagne, certains historiens pensent qu'ils sont originaires de la région de l'Èbre) participèrent au développement de la culture andalouse en y apportant chacune une spécificité. L'archéologie et la littérature ancienne, nous permettent de distinguer parmi ces civilisations, les Carthaginois, les Sépharades, les Grecs, les Romains, les Celtes (plus tard Celtibères), les Phéniciens et enfin, les Visigoths. Nous retrouvons leur influence dans les légendes homériques, les discours de Platon ou bien encore dans le mythe de Tartessos, pour ne citer qu'eux. L'architecture, elle aussi, trahit cette influence (cf. les patios des grandes demeures).

En l'an 756, sous le règne d'Abd-Er-Rahman 1er , la civilisation musulmane Omeyyade (venue de Damas), exempte de fanatisme, respectera et comprendra la culture andalouse multi-originaire, encourageant, alors, une symbiose hors du commun, dans l'histoire de l'humanité, entre les peuples juifs, chrétiens et musulmans.

D'après certains flamencologues, Ziryab, surnommé l'oiseau noir, musicien venu de Bagdad est certainement le premier ancêtre du Flamenco. Il s'établit à Cordoue au IXème siècle, sous le règne d'Abd-Er-Rahman II, fonde un conservatoire et compose des milliers de mélodies. Il révolutionne le luth arabe, père de la guitare espagnole, en introduisant une cinquième puis une sixième corde. À partir des quatre modes fondamentaux, il crée les fameuses noubas andalouses au nombre de vingt-quatre, telles les heures du jour. La danse jusqu'alors exclusivement religieuse, se popularise enfin, ponctuant un grand nombre de fêtes traditionnelles (fête des vendanges, des récoltes, etc...). Ce qu'elle perd en spiritualité, elle le gagne incontestablement en esthétique, en technique et en expressivité.

Le Flamenco descend, donc, en droite ligne de ces théories arabo-islamiques.

Des écrits datant de 1462, nous signalent pour la première fois la présence de gitans en Andalousie. Ces peuples en provenance de l'Inde, arrivés soit par l'Europe de l'Est soit par l'Egypte, ont puisé sur leur passage quelques spécialités instrumentales, enrichissant, dès lors, la culture musicale andalouse.

En 1492, à la fin de la Reconquête chrétienne de l'Espagne musulmane, les peuples sépharades, mozarabes (chrétiens vivant en terre musulmane) et les musulmans furent séparés. La terreur inquisitoriale régnant sur l'Andalousie, depuis l'arrivée de Torquemada, a accentué la répression faite sur les vieux Chrétiens, les Morisques et les Gitans. Elle les obligera finalement à se réfugier dans les montagnes, les grottes et les forêts. La pratique de certains arts (danse, chant, musique) est alors interdite. C'est pourquoi la transmission des racines du Flamenco n'est réalisable qu'à la seule occasion des fêtes familiales. Le fameux "Ay", cri symbolique du Cante Jondo, se mêle au chant avec justesse, en cette période douloureuse. Il bannit de leurs âmes cette intolérable souffrance.

Au XVIIIème siècle, les Gitans andalous, sans cesse persécutés, haïs, redoutés, obligés de prendre pour patronyme des noms espagnols et forcés, de surcroît, à la sédentarité, sont rebaptisés les Nouveaux Castillans. Nous comprenons mieux pourquoi le Flamenco, dans son ensemble, nous parle de joie, de misère et de souffrance, pourquoi il dégage une telle puissance et une telle force émotionnelle.

Un décret napoléonien de 1808 (période d'occupation militaire du territoire Ibérique) permet une première fois l'abolition de l'inquisition, mais ce n'est qu'en 1834 qu'elle sera définitivement abolie. Enfin, au XIXème siècle, les andalous (héritiers du patrimoine culturel antérieur à l'arrivée des gitans) et les gitans andalous collaborent concrètement. Ils participent, ainsi, à l'éclosion finale du Flamenco, en lui attribuant sa structure et ses caractéristiques immuables.

Lorsque Mérimée et les romanciers européens découvrirent avec émoi et fascination l'art primitif andalou, ils étaient bien loin d'en imaginer les origines.